Château de Châtigny

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Château de Châtigny
Image illustrative de l’article Château de Châtigny
Façade sud.
Période ou style Renaissance et néo-gothique
Type Château de la Loire
Début construction 1487
Propriétaire initial Jean Quétier, maire de Tours
Propriétaire actuel société privée
Destination actuelle Privé / Abords ouverts à la visite
Protection Logo monument historique Inscrit MH (2006)
Coordonnées 47° 23′ 25″ nord, 0° 35′ 22″ est
Pays Drapeau de la France France
Anciennes provinces de France Touraine
Région Centre-Val de Loire
Département Indre-et-Loire
Commune Fondettes
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château de Châtigny

Le château de Châtigny est situé à Fondettes en Indre-et-Loire, au flanc d'un coteau surplombant la vallée de la Loire. Il fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis 2006[1].

Localisation et situation[modifier | modifier le code]

Le château de Châtigny est localisé dans la partie sud-ouest de la commune de Fondettes, ville située au sein de l'arrondissement de Tours, département d'Indre-et-Loire, en région Centre-Val de Loire.

Le domaine du château est borné par la rue de Châtigny, à l'est et nord-est ; par la celle des Roulets dans ses marges ouest et nord-ouest ; et enfin longé par la RD 76 — rue de Gannay —, au niveau de sa partie méridionale.

Histoire[modifier | modifier le code]

La villa gallo-romaine[modifier | modifier le code]

Vestiges gallo-romain du site de Châtigny.

Le château de Châtigny a été édifié en 1487 sur les restes d'une villa gallo-romaine[Note 1] qui constituent encore aujourd'hui les fondations du château côté sud sur plus de 4 mètres de hauteur[3],[4].

Ces vestiges d'époque antique tardive[5] ont été mis en évidence à la fin du XIXe siècle (dans les années 1890) par l'archéologue Charles de Beaumont[3],[6],[7].

La villa proprement dite, de forme carrée, longue de 33 sur 33 mètres de large, et dont l'ensemble est orienté vers les rives ligériennes, dispose d'un total de 4 pièces[6]. Son sol est constitué est en grande partie recouvert de mosaïques à figures géométriques alternées par des motifs en forme de végétaux et de poissons, le tout complété par des carrés confectionnés au moyen d'une pâte de verre[6],. Les structures maçonnées de la première salle, fouillée en 1890, sont partiellement ornées de décorations polychromes[6],[8]. Ces éléments ornementaux sont fabriqués au moyen de blocs et de plaques de plusieurs types de marbre : l'un de couleur blanche ; l'autre provenant de carrières de Sarrancolin, dans les Hautes-Pyrénées ; une sorte de porphyre à coloris vert et rouge constituant le troisième type[6],[8]. Les murs de la seconde pièce, également décorés, sont recouverts d'une sorte de mortier de couleur gris-bleu nuancée de jaune et qui imite le marbre[6],[8]. Une plinthe veinée de lignes rouges et bleues orientées à l'horizontal, viennent complété ces décors muraux[6],[8].

Les ruines d'autres bâtiments gallo-romains sont visibles à l'ouest de la cour avec les restes d'une piscine intérieure, d'une bassin extérieur de forme octogonale, d'un hypocauste, et de sols en mosaïque[9] qui ont été confiés au musée archéologique de Touraine[4]. La qualité des mosaïques prouvée par provenance lointaine des pierres (Asie, Italie et Pyrénées), la qualité des dessins et l'importance des installations techniques est la preuve de l'atteinte d'un niveau de confort (piscines, chauffage central...) et de richesse extrêmement élevé au cours du IIIe siècle. Devant l'importance de ces installations, certains auteurs ont émis l'hypothèse de la présence de bains publics dans la mesure où cette villa était placée en bordure de la voie romaine reliant Tours à Saumur. L'ensemble de ces structures et de ces pièces archéologiques ont été retrouvées sur un site appartenant au territoire des Turones[5].

Postérieurement, le site de Châtigny fait l'objet de mentions au cours du IXe et début du Xe siècle — en 862, 920 et 922 — sous la forme latine de Catiniacus, puis de Casatanetus en 938[7],[Note 2].

Construction et premiers propriétaires du château[modifier | modifier le code]

Le château a été probablement construit vers la fin du XVe siècle, en 1487[11]. Néanmoins, en raison de certaines de ses éléments architecturaux[Note 3], quelques auteurs, tels que l'historienne Annie Cosperec, estiment qu'il aurait été édifié vers le début du XVIe siècle[11].

À l'époque de son élévation, l'édifice tourangeau et son domaine font partie d'un fief, attesté sous le nom de Castaniacus dès la fin du IXe et au début du Xe siècle par plusieurs actes royaux[Note 4] (ou lettres patentes) et cartulaires[Note 5],[12],[13],[Note 6]. Au cours du XVe siècle, l'ancienne tenure de Châtigny dépend de la seigneurie de Maillé-Martigny[12],[13].

D'abord conçu comme un bastion défensif, le château domine le coteau nord de la Loire en amont de la forteresse de Luynes. Il a été la propriété successive de plusieurs maires de Tours aux XVe et XVIe siècles, dont Jacques de Beaune en 1516[12].

Époques moderne et contemporaine[modifier | modifier le code]

Laissé à l'abandon au XVIIIe siècle, il faillit être rasé tellement son état de délabrement était avancé. Restauré entièrement en 1855 par le duc d’Ulceda et d’Escalona, le château prend une nouvelle allure avec le percement en façade de fenêtres remplaçant les ouvertures défensives d'origine, et la construction de nouveaux communs. Il a depuis lors une vocation de résidence privée à l'exception de quelques années pendant la Seconde Guerre mondiale pendant lesquelles il a accueilli une maison de repos.

Mise en valeur du site[modifier | modifier le code]

Les ruines romaines, le parc et les abords du château sont ouverts à la visite 40 jours par an en juillet, août, septembre.

Architecture et description[modifier | modifier le code]

Le château est muni de deux ailes placées en retour d'équerre formant ainsi chacune un angle droit avec le corps principal[14]. Une tour, de forme circulaire, vient protéger chacune de ces ailes antérieures[14].

Les tours « à damier » du château.

Une grande part de l'édifice présente un parement appareillé en « damier », c'est-à-dire alternant des surfaces quadrangulaires de pierre ou de briques de deux couleurs différentes, ou bichromes[11], un type de maçonnerie caractéristique de la Normandie mais qui s'est fort peu diffusé plus au sud. Outre Châtigny, le château de Velors à Beaumont-en-Véron et celui de Jallanges sont les seules occurrences recensées de ce genre d'appareillage dans la région tourangelle[11].

Vue panoramique du Château et de son domaine.

Une courtine, dont une partie a été détruite au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle, vient rallonger l'aile orientale et clôture le côté septentrionale de la cour[15]. Ce rempart, dont les murs sont à certains endroits plus larges qu'à d'autres, est aménagé d'un accès fortifié et dépourvu de seuil[15]. Un pont-levis, qui n'existe plus, permettait de franchir le fossé d'enceinte et de pénétrer dans la place forte[15].

La cour et les structures du château sont entourées par des jardins et un parc paysager[15]. Ce dernier se développe au nord et à l'est de la forteresse[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les historiens et archéologues Thibaud Guiot, Fabrice Couvin et Philippe Blanchard estiment que la villa gallo-romaine de Châtigny, implantée sur le territoire de Fondettes, avec celle de Saint-Venant, localisée sur la commune de Luynes, sont les deux sites antiques les plus fouillés et les plus représentatifs au sein de la zone géographique comprise entre les villes de Tours et Langeais[2].
  2. Concernant le nom de Châtigny, l'historien Pierre Audin suggère que ce terme aurait possiblement pour origine les mots latins Cattinius et Castanea, renvoyant ainsi à la notion de « Châtaigne »[10].
  3. Il s'agit notamment d'une moulure décorant l'arc en anse de panier dont est pourvue l'une des portes du château[11]. Ce type d'ornement sculpté, seul vestige du décor surmontant cet accès et qui a fait l'objet d'une démolition au cours du XIXe siècle, laisse apparaître de nombreuses similitudes avec l'une des moulures venant orner la maison dite du « Sanglier », à Tours, construite en 1509[11].
  4. Il s'agit d'actes du roi Charles le Simple[12],[13].
  5. Ce toponyme est également mentionné dans la charte de Robert, abbé de Saint-Martin de Tours[13].
  6. Ultérieurement, le nom de Châtigny est identifié sous les termes de Castanolus et Castanetus, en 938 ; Castanetus, en 987, dans un acte royal émis par Hugues Capet ; et enfin Chastigniacus, en 1289[12].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Notice no PA37000022, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Thibaud Guiot, Fabrice Couvin et Philippe Blanchard, « Le site antique (Ier et IIIe siècles) des "Béziaux" à Langeais (Indre-et-Loire) avec la collaboration de Fabrice Couvin pour l'étude du mobilier céramique et de Philippe Blanchard pour l'étude des structures funéraires - The gallo-roman rural settlement (1st-3rd C. A.D.) at "Les Béziaux" in Langeais (Indre-et-Loire) », Revue archéologique du Centre de la France, t. 42,‎ , p. 78 (DOI 10.3406/racf.2003.2935, lire en ligne, consulté le ).
  3. a et b J. Boussard, « Étude sur la ville de Tours du Ier au IVe siècle. », Revue des Études Anciennes, t. 50, nos 3-4,‎ , p. 317 ; note 3 et 4 (lire en ligne, consulté le ).
  4. a et b Jean-Pierre Sodini, « Habitat de l'antiquité tardive. », Topoi, vol. 5, no 1,‎ , p. 158 (lire en ligne, consulté le ).
  5. a et b Alain Ferdière, « Voyage à travers les campagnes de la Gaule romaine. II », Revue archéologique du Centre de la France, t. 24, no fascicule 1,‎ , p. 126 (lire en ligne, consulté le ).
  6. a b c d e f et g Léon Palustre (dir.), « Séance du  : Présidence de Mr Palustre », dans Léon Palustre (directeur d'ouvrage) et al., Bulletin de la Société archéologique de Touraine, t. 9, Tours, Société archéologique de Touraine, , 510 p. (lire en ligne), p. 88-90.
  7. a et b Pierre Audin, « Voies antiques et habitat gallo-romain entre Tours et Ingrandes-de-Touraine : II. B. Commune de Fondettes », Bulletins de la Société archéologique de Touraine, t. 38,‎ , p. 83 (lire en ligne, consulté le ).
  8. a b c et d Guilbaud 2001, p. 99.
  9. Yves de Kisch, « Circonscription du Centre », Gallia, CNRS, t. 36, no fascicule 2,‎ , p. 278 (lire en ligne, consulté le ).
  10. Pierre Audin, « Voies antiques et habitat gallo-romain entre Tours et Ingrandes-de-Touraine : II. B. Commune de Fondettes », Bulletins de la Société archéologique de Touraine, t. 38,‎ , p. 82-85 (lire en ligne, consulté le ).
  11. a b c d e et f Josiane Sartre, « L'origine : origines du manoir polychrome et des appareillages. », dans Josiane Sartre, Châteaux "brique et pierre" en France : essai d'architecture, Nouvelles Editions Latines, , 206 p. (lire en ligne), p. 89 à 91.
  12. a b c d et e Carré de Busserolle 1879, p. 185.
  13. a b c et d Carré de Busserolle 1880, p. 79.
  14. a et b Guilbaud 2001, p. 100.
  15. a b c d et e « Château de Châtigny », sur Base Mérimée - site du Ministère de la Culture et de la Communication, (consulté le ).

Pour approfondir[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Article connexe[modifier | modifier le code]